Ode décadente à la Bouffe.

Je rêve d'une meule de comté sur laquelle nous nous allongerions, avec des outres de vin du Sud, du Rioja ou du Saint-Emilion, et à l'aide de grands sabres nous taillerions peu à peu dans le Comté qu'on aura laissé patienter 18 mois, de grandes tranches et des plus petites, mangées alternativement avec du pain au noix, présent en tranches épaisses dans de grandes corbeilles laissées au hasard sur la meule. 

Vêtus de toges antiques, nos oreilles bercées de chansons gaies des tribades de Bacchus, nous serions en haut d'un mont latin, dominant la plaine et dominé de Monts ancestraux. Le vent sec et odorant des herbes résineuses de la vallée, le glougloutement de sources alentour, le silence orné de chants d'oiseaux et de cigales, et une mandoline soutenue de tambours au loin. 

Toi, mon amant céleste, mon âme soeur et mon jardin secret, mon estomac. Je te remplirais de bonnes choses pendant mille jours et mille nuits, jusqu'à l'écoeurement je te remplirai, pour parer de chair et de beau gras la solidité de tes os majestueux. 

 

Ô que je remplisse mon estomac de mille et mille parfums étrangers, des mets fumants des rois de Perse, des plats précieux des empereurs de chine, des somptueux festins des seigneurs francs et des gargantuesques orgies des peuplades gothiques. Que les sucreries des harems ottomans et le gras des baleines de la terre de Feu, que les mille poissons multicolores du Pacifique et les mille oiseaux des Lacs d'Amérique remplissent ma panse à jamais, cuisinés dans du gras. Que les mille fromages de ma patrie la France et les mille pains de nos braves boulangers s'engouffrent dans ma trachée. 

Et que tout le vin que la Terre de France a produit dans les siècles, pour les rois, les penseurs et les poètes, coule à jamais dans mes veines. 

Bilan du freeganisme - critique des petits voleurs.

J'aimerais ici tendre un bilan de mes tentatives de freeganisme au cours des trois ou quatre derniers mois. D'aucuns me diront que je n'ai pas persévéré, certains autres auront des arguments comme "tu n'as pas été intégré à une communauté qui te laisse persévérer dans ta volonté. D'autres encore me diront que je n'aurais jamais de posture responsable par rapport à l'environnement, de toute ma vie. 

J'ai testé le fait d'être freegan, j'ai voulu faire le maximum pour savoir quelle était la posture freegan, le mode de vie du freegan, ses habitudes, les milieux qu'il fréquente et les sacrifices qu'il doit faire. 

 

Le freegan est une sorte de tique moderne qui s'accroche sur la première mégalopole venue, qui s'attache aux restes de la société et en vit. Le freegan se dédouane de son mode de vie de voleur et de parasite en arguant que son intention est juste et justifiante.

 

Mais le grand problème est que les freegan ont en général les moyens de vivre de manière responsable, sans avoir à quémander en permanence son repas dans la poubelle du voisin. Car si vous voulez bien vivre freegan, vous devez devenir quémandeur, et substituer parfois la nourriture d'autres qui en ont plus besoin que vous.

 

Laissons aux sans abris, aux réfugiés et aux pauvres les poubelles des grands magasins ! Il vaut mieux se battre pour que les stocks soient mieux gérés et tous les surplus donnés automatiquement aux collectes, que d'essayer de jouer les petits aventuriers en volant dans les poubelles.

 

Sur ce, mon dernier post sera un hommage à la bouffe.  

Ne plus rien foutre. A mort le freeeganisme. Mon estomac est niqué.

Nous passons le plus clair de notre temps à ne rien faire. Absolument rien, sinon gamberger avec notre propre cerveau. Nous restons, en arrêt, quelques micro-secondes par minutes, à nous demander ce que nous allons faire la minute suivantes.

Le style street et la loose pop. Les essais mondiaux de drones tout puissants. Les résurgences nucléaires de Nagasaki en France. L’oubli de soi l’oubli de l’autre. Les enfants du Paradis en remix exclusif.

 

Regarder la mer et lui dire les choses. Se bouziller le cerveau. Etre soi mais ne pas l’être. Scroller les playlists de suggestions Youtube. Oublier soi et regarder l’autre. J’arrive à maturité. J’espère être un jour moi meme.

 

Me niquer les oreilles avec un son alternatif de merde. Ecouter toutes les playlists suggérées par Stylist le journal du vendredi.

 

Je perds mon temps. J’oublie mon moi. Je reste pantelante devant le frigo vide.

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Je suis devant le frigo. Je ne pense à rien. J’ai un peu faim. Devant moi, un yaourt périmé. Je sais que je vais manger une pizza. Mais je veux un burger. Je ne sais pas ce que je veux.

 

On n’est pas tous des génies. Mais on comprend quand on perd notre temps. On sait que c’est foutrement chiant. J’ai faim.

 

Que faire  ? tiens je vais voir sur youtube s’ils me suggèrent des vidéos de comment faire des “burgers fajitas slow cooker cheesy crunch miam”. Miam miam.

 

Cet état indescriptible où, pendant une micro-seconde, la seule chose qu’on se dit c’est “j’ai faim”..

 

Vous voyez sur l’image ci contre, le mec se dit j’ai faim.

Interview de Archibald, 23 ans, sur sa perception de ces micro-instants où on perd du temps.

Ben … c’est un peu comme ce moment, l, maintenant, où on sait pas trop quoi dire…. genre le cerveau y rame pendant deux secondes, tu sens que ça galère de l’intérieur…..

moi ça m’arrive surtout quand chui fatigué…..

Là tu vois clairement jperds mon temps…. je sais pas trop quoi dire, je sais pas trop pourquoi tu me demandes de faire ce truc…… mais bon… ouais non sinon jperds pas mal de temps quand c’est un peu avant midi, tu sais quand t’as faim… tu te demandes si tu vas faire une pause ou si tu continues à bosser…. moi ça me torture de devoir attendre, du coup je me dis bon on fait une micro pause…. et du coup je branle rien.